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Nos articles de blog consacrés à des événements et des lieux liés de près ou de loin au domaine de l’art tribal africain.

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Musée de Boulogne-sur-Mer - Art d'Océanie et d'Amérique du Nord

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Si les grands musées dédiés aux arts premiers sont connus de toutes et tous, collectionneurs ou non, parmi lesquels le Musée Royal de l’Afrique Centrale auquel nous avons déjà consacré un article ici et un autre là, le Musée du quai Branly, et bien d’autres grandes institutions situées de par le monde, il n’en va pas nécessairement de même en ce qui concerne les structures plus provinciales.

Ainsi, je vous propose de découvrir ici les remarquables collections d’art tribal d’Océanie et d’Amérique du Nord présentées au Musée de Boulogne-sur-Mer.

Des pièces exceptionnelles y sont exposées allant des masques très graphiques des Inuit jusqu’au chefs-d’œuvre de raffinement provenant des îles du Pacifique. Le musée ravira aussi les amateurs de tableaux de maîtres célèbres, d’archéologie égyptienne et grecque.

Vous reconnaîtrez ci-dessous des pièces bien connues, maintes fois publiées. Les rencontrer “en personne” relève cependant d’une expérience bien différente, c’est pourquoi je ne peux que vous inciter à faire le déplacement à Boulogne-sur-Mer pour observer en détails et sous tous les angles ces œuvres intemporelles et vous imprégner de leur puissance.

Le département d’ethnographie extra-européenne

La richesse exceptionnelle du département d'ethnographie extra-européenne inclut une collection d'objets d'Alaska qui rassemble un ensemble unique au monde de masques cérémoniels sugpiat de l'île Kodiak ramené par le boulonnais Alphonse Pinart en 1872.

Une des collections d'art tribal d'Océanie les plus importantes du nord de la France est également conservée au Musée de Boulogne-sur-mer.

Masque Koniag, île Kodiak, Alaska

Cet masque est publié sur la couverture de l’ouvrage L’art du Grand Nord, Citadelles & Mazenod, 2001

Peuples de l’Arctique

La culture Sugpiaq

La culture Sugpiaq était une société de chasseurs de mammifères marins. Elle s'étendait sur la zone continentale du détroit de Prince William, la péninsule du Kenai, la péninsule alaskienne et l'archipel de Kodiak, en Alaska.

Les masques, nommés ginaqua (ce qui signifie «comme un visage, mais pas vraiment») étaient des objets emblématiques de cette culture. Ils étaient utilisés l'hiver, lors de festivités destinées à favoriser la saison de chasse suivante.
Les danses masquées étaient des moments importants de partage de croyances, de préservation de l'équilibre des forces qui régulaient la vie quotidienne.

Ensemble de masques Sugpiaq, île Kodiak, Alaska

D'en haut à gauche vers en bas à droite :

1. Angun / Vieil homme

2. Nallumalik / Celui qui ne sait pas

3. Nom illisible

4. Asghigik / Celui qui de la chance

5. Ingillagayak / Celui qui annonce le temps

6. Yuaulik / Chercheur

7. Payulik / Celui qui apporte la nourriture

8. Unartuliq / Protecteur

9. Unnuyayuk / Voyageur de nuit

10. Agu'lik / Large masque

Cependant, les Russes conquièrent l'ensemble de l'Alaska en 1784.
Développant le commerce des fourrures, ils forcèrent les Sugpiat à travailler dans leurs compagnies et les contraignirent violemment à la chasse et à la pêche en eaux lointaines. Cette domination brutale fit suite à d'importants massacres. Additionnée à de dramatiques épidémies, elle causa la perte de la majeure partie de la population Sugpiaq, ainsi que des croyances, pratiques et productions matérielles essentielles à cette culture. Une société métissée vit alors le jour, les Russes épousant des femmes autochtones. Les croyances sugpiat se fondirent progressivement dans le christianisme orthodoxe russe.

Alphonse Pinart arriva à Kodiak à un moment clé. En effet, les Russes se retiraient peu à peu et les Américains, qui leur avaient acheté l'Alaska cinq ans plus tôt, n'étaient pas encore totalement implantés. En 1871, il devait donc être plus facile d'observer les coutumes sugpiat et de collecter des masques et objets.

Les Sugpiat eurent ensuite à survivre à l'acculturation imposée par le gouvernement américain (interdiction de parler la langue autochtone), au dramatique tremblement de terre de 1964 qui détruisit une grande partie des villages de l'archipel de Kodiak, puis à la marée noire dévastatrice de l'Exxon Valdez en 1989. Malgré cette difficile histoire, le souvenir de certaines pratiques sugpiat a perduré au sein des commu-nautés. Aujourd'hui, des associations et des groupes d'artistes font revivre la tradition des masques et des danses qu'ils accompagnent.

 

Masque Kugukauk / Le préféré, culture Sugpiaq, archipel de Kodiak, Alaska

Masque, nom inconnu, culture Sugpiaq, archipel de Kodiak, Alaska

Masque, Nakllegnaq / Le pitoyable, culture Sugpiaq, archipel de Kodiak

Masque Shugashat (féminin), culture Sugpiaq, archipel de Kodiak

Masque Igyuyrtulik / Chercheur, culture Sugpiaq, archipel de Kodiak

Masque Allayak / Différent (féminin), culture Sugpiaq, archipel de Kodiak

Masque cérémoniel Nayurta / Le veilleur, culture Sugpiaq, archipel de Kodiak

Masque cérémoniel Lurtusqaq / Celui qui est large, culture Sugpiaq, archipel de Kodiak

Masque cérémoniel Giinasinaq / Grand visage, culture Sugpiaq, archipel de Kodiak

Masque cérémoniel Qarua’at’stun Elnguq / Comme un corbeau, culture Sugpiaq, archipel de Kodiak

Modèle réduit de kayak, culture Unangax, îles Aléoutiennes (Unalaska), XIXe siècle

Sur ce kayak miniaturisé, le personnage est en train de projeter une lance employée pour la chasse à la loutre, à l’aide d’un propulseur.
Sa parka en intestin animal lui permet de rester au sec et assure l’étanchéité de son embarcation en étant fixée au rebord de la place.

La culture Yup’ik


Les Yupiit vivent sur la côte Sud-ouest de l'Alaska, dans la région du Yukon-Kuskokwim, la baie de Bristol et l'ile de Nunivak.

Avant les colonisations, les Yupiit étaient une culture semi-nomade. Pendant le printemps et l'été, les familles se dispersaient dans des camps de pêche et de chasse au gré des déplacements du gibier, mais retournaient dans le village permanent pendant l'hiver.
Ces villages pouvaient regrouper jusqu'à 300 personnes. Les hommes vivaient ensemble dans la maison des hommes (gasgiq) et les femmes et les enfants vivaient par groupe dans des maisons semi-souterraines plus petites.

Lunettes à neige, culture Yup’ik, Saint-Michel, Baie de Norton, Alaska, XIXe siècle

Pendant l'hiver, la gasgiq était le centre de la communauté où se déroulaient les cérémonies traditionnelles telles que le Bladder festival (festival de la vessie).
Dans les croyances Yupiit, le cycle de la vie ne s'interrompt jamais et l'esprit de tout être vivant se réincarne après la mort. Ainsi, l'esprit des animaux chassés doit être traité avec attention pour permettre cette réincarnation.
Le phoque qui reconnaît les mérites d'un chasseur va l'autoriser à le tuer. Son esprit se transporte alors dans sa vessie, ainsi lorsque son corps meurt pour offrir de la nourriture au chasseur, son esprit reste vivant dans la vessie jusqu'à ce qu'il retourne dans la mer.
Le Bladder festival est donc une célébration du cycle de la vie. Le chasseur Yup'ik collecte les vessies des phoques tués pendant la saison et à la fin des célébrations les remet à l'eau pour permettre aux esprits des phoques de renaître pour la saison suivante.

Les contacts des Yupiit avec le monde extérieur ont été plus tardifs que pour les autres cultures d'Alaska. Ceci leur a permis de conserver d'avantage leur style de vie et leurs coutumes.
La langue traditionnelle est toujours parlée et leurs traditions encore connues actuellement. L'étude de la culture Yupik a notamment permis à la culture Sugpiaq très proche de combler des lacunes dans la connaissance de ses propres traditions.

 

Support de pagaie en forme de nageoire de morse, culture Yup’ik, île de Nunivak, Alaska, XIXe siècle

Ci-dessus, un masque “Jenna Class”, culture Kaigani Haida, Côte Sud-Est de l’Alaska composé de bois, verre et tendon. Il date du début du XIXe siècle.

Collecté dans un contexte différent du reste des objets alaskiens du musée, ce masque représentant un visage paré d'un labret (ornement de lèvres) appartient à la culture Kaigani Haida (côte Nord-Ouest des Etats-Unis).
Rapporté par le Vice Amiral de Rosamel qui l'offre au musée de Boulogne en 1838, il est le premier objet alaskien à entrer dans les collections.

Ce masque représente un visage féminin. En effet, dans les cultures Haida, Tlingit et Tsimshian, au moment de l'adolescence, les jeunes filles avaient la lèvre inférieure percée afin d'y insérer un ornement dont la taille devenait de plus en plus importante chaque année. Le port de labret dans la lèvre inférieure était donc réservé aux femmes.

Ce type de masque représentant une femme parée d'un labret est connu dans les cérémonies Haida, cependant celui-ci semble faire partie des objets réalisés dans le but de les offrir en cadeau aux marins européens de passage dans les villages.
En effet, on connaît une douzaine de ces masques sculptés par un même artiste dans les années 1820 à cet effet. Bien que ces masques n'aient pas été portés, ils reprennent les formes et symboles propres aux objets traditionnels.

Le nom de « Jenna Cass », associé à ces masques en raison d'une annotation sur l'un d'entre eux, proviendrait du mot « Djiláqons », désignant une figure féminine récurrente de la mythologie Haida, mère de tous les aigles.

Visière de chasseur elqiaq, culture Yup’ik, Saint-Michel, Baie de Norton, Alaska, XIXe siècle

Parcours des mondes : escale dans les lagons et îles volcaniques

Le plaisir des yeux ne s’arrête pas là. Une fois repu des trésors d’art traditionnel arctique, d’autres salles nous emmènent dans les mers du Sud à la découverte des joyaux d’art océanien.

D’île en île, nous découvrons la richesse, la finesse et la diversité des artistes insulaires de Polynésie, de Nouvelle-Zélande, de Nouvelle-Calédonie, des îles Carolines et bien d’autres encore.

Modèle réduit de pirogue de guerre, culture Maori, Nouvelle-Zélande, XIXe siècle

Le chef-d'œuvre sculptural ci-dessus, un modèle réduit de pirogue de guerre, fut collecté par Dumont d'Urville sur le navire l'Astrolabe en 1827.
Il l'aurait acquise auprès d'un chef de la baie de Tolaga en Nouvelle-Zélande.

Les pirogues de guerre Waka Taua étaient la fierté des groupes. Elles pouvaient mesurer de 18 à 21 m de long et porter une centaine de guerriers.

La poupe Taurapa se présente sous la forme d'une frise verticale de bois ajourée, dans laquelle une figure de manaia (esprit protecteur) tient deux bandeaux parallèles.

Sur la proue, une figure agressive tirant la langue peut être interprétée comme Tumatauenga, dieu des hommes et de la guerre.
Derrière cette figure, les motifs de spirales encadrant un personnage de face sont souvent compris comme une référence au mythe de la création du monde maori, qui rapporte que la lumière (les spirales) fut introduite dans le monde grâce à la séparation de la mère-terre, Papa, et du père-ciel, Rangi, par leur fils Tane (dieu des forêts).

Ce type de modèle pouvait avoir un usage rituel, et certains furent utilisés comme cadeaux prestigieux aux européens.

La navigation guerrière

Dans de nombreuses régions d'Océanie, les populations entretenaient entre elles des relations d'opposition et l'état de guerre y était parfois une situation endémique.

Les motivations des attaques pouvaient être très diverses : luttes pour le territoire et luttes de pouvoir, vengeance de la mort de l'un des membres du groupe attribuée à la sorcellerie d'un groupe voisin, raisons religieuses et rituelles.

Souvent, les attaques privilégiaient la voie maritime ou fluviale (les affrontements navals semblent toutefois avoir été extrêmement rares) ; les guerriers parés et armés prenaient alors place dans de grandes pirogues de guerre dont on trouve des exemples variés partout en Océanie.

Miniature de proue de pirogue, culture Maori, Nouvelle-Zélande, XIXe siècle

Ces embarcations étaient en général très décorées de motifs aux significations puissantes et pouvaient transporter plusieurs dizaines d'hommes.
De même que la totalité des activités guerrières et des objets matériels en lien avec celles-ci, elles étaient entourées de nombreux interdits et de multiples pratiques magiques destinées à assurer le succès de l'entreprise. Dans la plupart des cas, les affrontements en Océanie étaient très ritualisés et faisaient intervenir des systèmes complexes de compensation du sang versé dans des échanges entre les acteurs.

Loin de n'être qu'un chemin d'attaque, le milieu marin fournissait aussi un certain nombre d'éléments qui s'intégraient à l'équipement du guerrier.
Ainsi des matières dures telles que la nacre, les dents de requins ou les coquillages apparaissaient par exemple dans de nombreuses armes et parures portées lors des guerres.

Pagaie cérémonielle, archipel des Australes, Polynésie française

Le concept de “mana” dans les îles du Pacifique

Les peuples d'Océanie vivent en corrélation avec les ancêtres, les esprits et les dieux.
Les motifs développés pour les représenter se retrouvent dans plusieurs formes d'expression artistique telles que tatouages, masques, statues, tablettes votives et armes cérémonielles.

Les objets d'art sont en effet utilisés pour entrer en contact avec les esprits ou les ancêtres, et pour les faire intervenir dans ce monde.

Ce pouvoir rejoint le concept de « mana ».

 

Statue Tiki, archipel des Marquises, Polynésie française, XIXe siècle

Ce terme signifie « puissance », « efficacité », « force de vie ».
Le mana peut être la manifestation du pouvoir des dieux dans le monde des hommes, il s'agit alors d'une force active, associée aux ancêtres et héritée de ces derniers.
Il est aussi considéré comme une substance invisible dont sont pénétrés les objets et les êtres humains.
Les hommes le reçoivent des esprits du clan par transmission généalogique ou encore l'obtiennent des dieux ou des forces cosmiques. Ils le conservent s'ils se comportent bien; sinon, ils le perdent. La possession du mana se révèle par la réussite dans les différentes actions.

Dans toutes les cultures où ce concept est en usage, l'œuvre d'art est l'un des principaux moyens permettant d'appeler le mana dans ce monde-ci.

Le choix des matériaux et de l'iconographie répond à cette préoccupation.

Étriers d’échasses, archipel des Marquises, Polynésie française

Massues U’u, archipel des Marquises, Polynésie française

Le corpus des célèbres massues u’u des îles Marquises est restreint et amplement documenté, en partie grâce au travail réalisé par le Musée du quai Branly.

Lors du vernissage de notre galerie en 2022, nous en exposions une au public, qui a trouvé un heureux acquéreur depuis.

Ci-dessous, divers types de massues et casse-têtes du Pacifique dont une massue Ula des îles Fidji dont un bel exemplaire est disponible à la galerie.

Masque Kanak, Nouvelle-Calédonie

Statuette Korwar, Papouasie-Nouvelle-Guinée

Masque Tapuanu, îles Mortlock / îles Carolines

C’est également un masque des îles Carolines qui détient actuellement le record du monde de prix payé par un enchérisseur : l’acheteur du masque tapuanu de la collection Michel Périnet a en effet du débourser 9 171 000 € chez Christie’s Paris en 2021 pour l’obtenir.

Appuie-nuque, rivière Pora-Pora, Papouasie-Nouvelle-Guinée

Des collections d’objets d’art tribal d’Afrique, d’Océanie et du Grand Nord à découvrir en bord de mer, à quelques heures de route de la Belgique.

Pour une découverte plus proche de chez vous, visitez notre galerie située au cœur de la ville de Nivelles, à quelques kilomètres de Bruxelles. Des chefs-d'œuvre moins connus vous y attendent.

MASQUES : des joyaux du musée du quai Branly - Jacques Chirac exposés à la Cité Miroir à Liège

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Des masques africains… entre autres

Faisant suite à Barheïn, Pékin et Tokyo, Liège accueille cette année à la Cité Miroir l’exposition MASQUES du musée quai Branly - Jacques Chirac, composée de plus de 80 masques issus des cinq coins du monde.
L&Z Arts vous livre un petit compte-rendu des trésors que vous pourrez y découvrir jusqu’au 20 juillet.

C’est au cœur de la remarquable structure des anciens Bains et Thermes de la Sauvenière à Liège qu’est venue s’installer l’exposition itinérante MASQUES mise sur pieds par le quai Branly. Dans un espace clos, à la lumière tamisée préservant l’intégrité des œuvres parfois vieilles de deux siècles, le visiteur est encerclé par des rondeaux de masques répartis selon les régions. Une ambiance sonore accompagne ces objets rituels en vue de les contextualiser.

De l’universalité du masque

Une exposition comme celle-ci permet au visiteur, novice ou expert, de (re)découvrir la richesse et les variations stylistiques du masque à travers le monde, mais elle offre aussi à tout un chacun l’opportunité d’une étude comparative sur l’usage et la signification du masque selon les cultures et, dirais-je même, à l’intérieur de chaque culture, selon les groupes ethniques où les rites peuvent fortement varier sur de petites distances. Si l’on peut facilement identifier de grandes différences de styles et d’usages, force est de constater néanmoins que, malgré les distances, l’Homme reste Homme, et partout, son espace civilisé traditionnel s’oppose au monde sauvage habité par les esprits. Dès lors, certaines thématiques transcendent les océans et les continents pour se traduire de façon remarquablement similaire dans deux villages séparés par des milliers de kilomètres.

Comme le disait Samuël Glotz (fondateur du Musée du masque, Binche), on ne peut qu’être frappés par l’extension spatiale et diachronique du masque : toute l’humanité porte ou a porté le masque. Cet accessoire sans destination utile est plus répandu que l’arc ou la charrue. Si des civilisations ont prospéré tout en ignorant des objets élémentaires tels que la roue, elles connaissent le masque.
Cette universalité dans l’espace se double d’une autre universalité dans le temps. Le masque apparaît en effet dans les peintures rupestres du paléolithique, à l’aube de l’humanité, pour être finalement encore porté de nos jours un peu partout dans le monde.

Il n’est pas d’outil, d’invention, de croyance, de coutume ou d’institution qui fasse l’unité de l’humanité, du moins qui la fasse au même degré que le port du masque ne l’accomplit et ne la manifeste.
— Roger Caillois, Les Jeux et les Hommes, 1958

Dans beaucoup de peuples à la civilisation traditionnelle, dont le mode de vie n’a pas encore ruiné les coutumes, ce caractère rituel est très manifeste. Afrique, Océanie, Asie, Amériques ; agriculture, justice, initiation, funérailles,… nombreux sont les occasions et lieux d’apparition du masque.

Le masque en Afrique

Masques de course Dan (Côte d’Ivoire) au faciès concave et aux grands yeux béants, masque de justice Kifwebe Songye (R. D. Congo) de la confrérie Bukushi, masque de rituel agraire représentant l’antilope Ci Wara, etc, autant d’objets aux formes et usages extrêmement variés.
Notons aussi la présence d’un masque casque Sowo (ou Nowo) des Mende en Sierra Leone, porté exclusivement par les femmes de la confrérie féminine du Sande ou Bundu, un cas unique en Afrique subsaharienne. La sélection de masques africains témoigne somme toute de l’extrême diversité des formes qui se manifeste dans l’art de sculpter des masques.
Médiateur, le masque intervient pour rétablir le lien rompu entre l’univers indompté de la forêt et l’espace humanisé du village. Il souligne aussi le passage de l’état de non-initié à celui d’initié.

Le masque africain est une passerelle métaphorique qui relie nature et culture.

Peut-être davantage qu’ailleurs, une dimension de mystère entoure les masques sur le continent africain. En raison de l’étrangeté de leurs formes et de leurs dimensions parfois imposantes, les masques font forte impression. Cette part de mystère s’illustre également dans le fait que, si les hommes disposent du bagage initiatique suffisant pour appréhender le sens profond des danses masquées, pour les femmes et les enfants, la méconnaissance de la préparation rituelle renforce encore cette notion d’apparition sacrée.

Le masque en Asie

Avant d’être repris par le théâtre et la danse, la fonction de ces masques dont la plupart, à l’origine au moins, étaient liés à des rituels religieux, est de montrer sous leur aspect visible des êtres surnaturels divinités, démons, animaux fantastiques. Des sujets pas si éloignés des représentations d’autres continents donc. Et comme les statues dans les temples, ils sont des objets sacrés car en eux repose la puissance des esprits qu’ils représentent. Le visiteur pourra observer des pièces provenant du Japon et de Chine mais aussi de pays plus discrets tels que le Nepal, le Vietnam, le Sri Lanka.

Le masque en Océanie

Les masques d’Océanie apparaissent lors des cérémonies dédiées aux morts et aux ancêtres fondateurs du clan. Ils sont aussi destinés à accompagner les rituels d’initiation des adolescents ou encore à invoquer les esprits de la nature et de la fertilité.
Les peuples d’Océanie puisent dans la nature les éléments qui composent leurs masques aussi beaux qu’inquiétants. Selon leur conception du monde, un même fluide vital anime les hommes, les animaux et les végétaux, ainsi étroitement liés les uns aux autres, comme des frères. Leurs masques ont de petites faces attendrissantes, placées sur les plus beaux ignames (sorte de grosse racine comestible) ou des yeux démesurés, des nez crochus, des formes extravagantes et, grâce à de hautes armatures, atteignent parfois plusieurs mètres de haut…
Indonésie, Papouasie, Malaisie, Mélanésie, Micronésie : une immense région composée de dizaines de milliers d’îles à la fois isolées et liées culturellement qui ont décliné leurs propres conceptions artistiques.

Le masque dans les Amériques

On aborde ici les masques d’Amériques centrale et latine ainsi que ceux des grandes contrées septentrionales du Nord du Pacifique et du Grand Nord, depuis l’Alaska jusqu’au Groenland, autour du thème de la parodie.
Dans le Nord, le masque, support de rêve et auxiliaire du shaman, joue un rôle catalyseur. Son apparition vise à dédramatiser l’autorité intimidante du shaman et l’intervention du sacré.
Plus au sud, dans les mascarades et carnavals, les fonctions de mime et de parodie du masque se prolongent dans la diablada bolivienne ou les masques tzotzil du Chiapas. Cette conception s’inscrit dans une démarche syncrétique, où traditions européennes et réminiscences de fêtes indiennes masquées se combinent pour réinterpréter cycliquement des événements historiques ou des faits marquants de la vie sociale.

C’est toujours avec un grand plaisir que nous partageons avec vous, par le biais de ce blog, nos visites. Je ne peux donc que vous encourager à vous rendre sur place pour découvrir et profiter pleinement de cette sélection d’œuvres.
Envie de prolonger cette expérience émotionnelle et culturelle ?
Rendez-vous à la côte belge pour la première exposition d’art tribal organisée par L&Z Arts à Ostende.
Venez vous émerveiller de pièces authentiques et nous rencontrer lors du vernissage :