Masque féminin Kikashi Kifwebe, Songye orientaux, R. D. Congo
Provenance : collection privée, Belgique
Datation estimée : première moitié du XXe siècle
Hauteur : 48 cm
Matériaux : bois, kaolin

Chez les Songye orientaux, le masque féminin était le premier à être sculpté dans chaque nouveau groupe Bwadi.

Les masques féminins Bikashi (sing. Kikashi) sont couverts de kaolin et revêtent des formes semblables. Chez les Luba, à l’ouest du Lualaba, de Kongolo à Ankoro en passant par Kabalo, des distinctions importantes apparaissent dans la morphologie des styles.
Chez les Songye orientaux, l’évolution des masques féminins est très intéressante et subtile. Bien que dans l’ensemble, ces masques soient bienveillants et expriment un climat de paix, ils peuvent témoigner de formes agressives.

Selon Viviane Baeke, les masques féminins sont beaucoup plus rares que les masculins Bilume (sing. Kilume). Peints entièrement de blanc et dépourvu de crête sagittale, ils sont cependant rehaussés d’une bande noire qui divise les deux lobes du crâne et se prolonge sur le nez, tandis que les paupières et la bouche sont généralement ponctuées de noir ou de rouge. Lié à la lune, à la fertilité et au processus de procréation, leur attitude apaisée contraste avec l’agressivité de leurs compagnons masculins.

Qu’il s’agisse d’un exemplaire masculins ou féminin, le masque en bois est étroitement attaché à un costume fait d’écorce tressée, blouse et pantalon, l’ensemble recouvrant tout le corps, pieds et mains compris ; le devant est en outre orné d’une sorte de grande barbe en fibres.
Malgré son allure approximative d’être humain, il n’a que trois doigts à chaque main. Cette anomalie au terme vocable tunsadi, considérée comme l’œuvre d’un sorcier, est censée provoquer le malheur. Le terme tunsadi '“les trois doigts du masque”, fait partie du vocabulaire spécifique destiné à décrire les différentes parties du masque Kifwebe, un corpus hermétique que tout nouvel initié doit apprendre par cœur. C’est ainsi que le côté droit du visage symbolise le soleil, le côté gauche la lune, que la fente des yeux est identifiée à l’entrée d’une termitière, la bouche à un bec d’oiseau et le menton à la mâchoire d’un crocodile et ses stries sont celle du zèbre ou de l’antilope.  

Il est difficile de dire à quelle époque furent sculptés les premiers masques Kifwebe. Cependant, le style puissant et caractéristique de ce type de masque, et de ses différentes déclinaisons, a certainement mis un certain temps pour développer son étrange singularité, et doit plonger ses racines bien avant l’aube du XXe siècle.