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Visite au Musée Africain de Namur

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Nos articles de blog consacrés à des événements et des lieux liés de près ou de loin au domaine de l’art tribal africain.

Visite au Musée Africain de Namur

Etienne Z

Divers masques africains. Pende, Yaka, Suku, Ngeendé, Luba, Kongo, Chokwe : autant d'ethnies représentées.

Un bref historique

Pour présenter le Musée Africain de Namur, un petit retour en arrière s'impose. On remonte à l'impulsion coloniale lancée par Léopold II pour l'ouverture de voies destinées à permettre l'accès au plus profond du continent africain, et en particulier du Congo.
Cet appel à l'exploration a suscité l'intérêt de pas mal de personnes dont des Namurois. Tous n'en revinrent pas indemnes voire pas du tout, et les survivants se rassemblèrent pour former une association sous le nom de "société d'études et d'intérêts coloniaux".
Au fil des années et toujours dans l'optique de faire découvrir l'Afrique et plus particulièrement le Congo à tout un chacun, l'idée de la création d'un musée germa pour se concrétiser en 1912.
La structure changea plusieurs fois de nom dans les décennies qui suivirent et l'implantation du musée fut plusieurs fois déplacée pour finalement se fixer dans la caserne Léopold (dite des lanciers) dans le centre de Namur.
Progressivement, les collections du musée se sont enrichies grâce à des dons à la fois de la famille royale, de pères missionnaires, de personnalités militaires, d'anciens coloniaux ainsi que grâce à des mécènes.

Des masques africains mais pas seulement

La première salle du musée permet de se plonger à la fin du XVIIIème siècle. À renfort de cartes de l'Afrique établies au fur et à mesure des années, on observe le découpage des territoires et l'exploration progressive des contrées jusqu'alors vierges de toute colonisation occidentale. En parallèle sont présentés les portraits, journaux de bord, carnets et historiques des diverses expéditions effectuées par de grands noms comme Stanley, Vrithoff, Ramaeckers,...
Une introduction historique bien utile à la compréhension des liens qui nous unissent encore aujourd'hui au Congo.

Dans les salles qui suivent, le visiteur découvrira bien sûr des objets ethniques comme des masques, des statues, des bronzes et divers objets usuels (instruments de musique, vanneries,...). Sur les murs est exposée une impressionnante collection de couteaux de prestige, de lances et d'arcs d'une rare variété ayant appartenu à Josué Henry de la Lindi, une bonne centaine de pièces dont ses descendants ont aimablement fait don au musée. Une collection qui ravira sans aucun doute tout amateur d'armes tribales authentiques.
Sanza, tambours à fente et divers oliphants en ivoire et os sont aussi présentés.
Plusieurs vitrines permettent quant à elles de faire découvrir au visiteur la variété des masques africains congolais à travers plusieurs pièces emblématiques comme les masques de guerrier Salampasu, les masques Pende (Mbangu, Mbuya,...), Chokwe, Suku et Yaka,... De petites figurines Kongo, Chokwe et bien d'autres encore sont visibles. Si des étiquettes sont présentes pour identifier les pièces, on regrettera l'absence de catalogue du musée offrant un complément d'information pour toutes les pièces présentées. Des visites guidées didactiques sont cependant proposées par le directeur-conservateur M. François Poncelet qui parvient à capter et maintenir l'attention du public sur tous les aspects qu'il développe, ni trop ni trop peu, tout en chassant les idées reçues sur l'art primitif. J'en veux pour exemple la petite anecdote concernant l'un des masques Chokwe n'ayant aucun lien avec une quelconque initiation mais simplement sculpté pour se moquer de l'apparence des colons blancs et de leur prétention.
M. Poncelet démontre par là que les objets d'art africain n'ont pas nécessairement une portée rituelle mais participent à une forme d'expression et de communication des individus.

Une réflexion contemporaine

Une volonté de réflexion sur ce passé délicat
— F. Poncelet, conservateur-directeur

L'ombre de Léopold II sur le Congo, une belle métaphore.

Si la seconde salle comporte un buste de Léopold II triomphant, la triste réalité a rattrapé la réputation de ce personnage — auparavant présenté comme héros — à cause des exactions commises par son administration dans le cadre du pillage des richesses naturelles et l'exploitation systématique des tribus locales. 
On appréciera que le musée ait choisi d'assumer pleinement cet héritage avec ses bons et ses mauvais aspects, et présente plutôt une volonté de réflexion sur ce passé délicat. La démarche va plus loin puisque c'est selon cette réflexion que le directeur choisit de faire découvrir au public la salle dédiée aux richesses naturelles du Congo avec un accent tout particulier mis sur les richesses géologiques et minerais précieux pillés de longue date par l'Union minière puis indirectement par les multinationales peu scrupuleuses par l'entremise de groupes armés.

Ainsi, M. Poncelet fait ou refait la lumière sur le lien étroit entre les gadgets high-tech de notre vie quotidienne et les problèmes humanitaires qui en découlent dans ces lointaines contrées. On notera la présence de "croisettes du Katanga" à la fois objets rituels et monnaies de cuivre.
On le voit jusque là, le musée n'a pas pour vocation d'être focalisé sur l'art africain. Une belle superficie est d'ailleurs réservées à la nature et à l'énorme biodiversité vivant dans ce pays aux régions tantôt planes, clairsemées et sèches, tantôt montagneuses, boisées et humides. De nombreux spécimens de toutes sortes forment un petit musée des sciences naturelles du Congo.

"Croisettes du Katanga"

Le Musée Africain de Namur ne doit donc pas être envisagé comme un musée d'art ou d'ethnographie au risque de décevoir, mais plutôt comme un lieu de mémoire retraçant depuis les débuts de la colonisation jusqu'à nos jours le lien qui nous unit au Congo. Les objets ethniques sont néanmoins présents et conservent un intérêt pédagogique, tout comme le reste du musée.
Pour visiter ce lieu : Rue du 1er Lanciers 1, 5000 Namur, Belgique.
https://musafrica.net/